mercredi 10 juillet 2013

Quand on ne sait plus si rêver, c'est réaliste...


J'ai toujours rêvé d'avoir beaucoup d'enfants. J'ai vu défiler une ribambelle de cousins cousines, tous plus jeunes, j'ai eu des petits frères et soeurs, je suis l'ainée, la grande ainée de toute la famille élargie. Et les enfants, les voir grandir, m'a toujours tellement émerveillée. Si loin que je me rappelle, l'éducation me questionnait, la vie qui s'éveille m’émouvait particulièrement, la grossesse me fascinait... Celle de mes oncles et tantes, celles des amis de la famille, puis celles des amis... et pour l'instant, ce n'est toujours pas notre tour.

Quand j'ai épousé mon homme, je voulais 4 ou 5 enfants. On avait 27 ans, ça ne semblait pas impossible. Je ne sais pas trop comment j'aurais fait pour poursuivre mon métier-passion, je ne sais même pas si je me serais épanouie comme mère de famille nombreuse, mais mes rêves étaient là. Mon mari était plus effrayé par la grande fratrie, 3 c'était son chiffre. En bon terre à terre, il craignait ne pas pouvoir tous leur offrir des études, ou des voyages. Il se projetait loin mon homme. Mais on en avait beaucoup parlé et il n'était fermé à rien... Nous verrons nous disions...

Et ce qui me met tellement en colère dans cette infertilité, c'est que je ne sais même plus si j'ai le droit de rêver. On a tous le droit de rêver mais rêver sans pouvoir accomplir, ou sans même pouvoir espérer accomplir, me tort le coeur. Chaque cycle, je me dis que si le prochain est le bon, je pourrais continuer à rêver, que c'est encore jouable, que pour nous le parcours PMA donne de bons résultats et qu'on peut peut-être espérer qu'il en soit ainsi plusieurs autres fois... Mais en réalité, c'est usant cette incertitude, je n'aurais pas le courage je pense de replonger 4 ou 5 fois... Et puis chaque cycle repousse les rêves un peu plus loin, il faut les revoir à la baisse, il faut se raisonner et se dire qu'un enfant sera déjà merveilleux. Et c'est vrai !

Mais je ne peux m'empêcher d'être en colère de devoir faire le deuil de ces rêves qui m'accompagnent depuis toujours... Je sais que la vie est ainsi faite, on se prend des coups et soit on avance, soit on reste sur place et on pleure, il n'y a pas le choix. Alors j'avance mais j'accumule une vraie colère contre cette situation. J'espère que ma colère se muera en révolte, parce que la révolte, il en faut dans ce monde, si je parviens à en faire quelque chose d'utile. Je ne sais pas encore quoi...

7 commentaires:

  1. Ton article me touche beaucoup, je m'y retrouve énormément.
    En effet, on a encore le droit de rêver, mais tout en sachant que nos rêves n'aboutirons (sans doute) pas. Comme tu dis, on revoit nos rêves à la baisse...

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  2. Essaie de ne pas rêver par rapport à une date précise, mais plutôt par rapport à ta vie en général - pour alléger un peu la pression sur chaque cycle. En soi le plus dur est de ne pas savoir, parce que si tu savais que votre premier sera conçu dans 6 mois, alors les 5 cycles d'attente d'ici là ne seraient pas si difficiles à vivre. Mais je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, et qu'on ne peut pas s'empêcher d'être déçues à chaque fois.
    En tout cas continue à rêver. C'est très important de rêver. Et comme l'a si bien dit Gérald Neveu, "Rêver, c'est informer l'avenir"!

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  3. Comme toi j'ai une grande colère en moi, une colère que je ne sais pas évacuer, que je n'apprécie pas. J'aimerais savoir comment évoluer par rapport à ça, ne pas me laisser pourrir le moral à cause d'elle. Mais au jour d'aujourd'hui, j'y arrive pas.
    Peut être que comme tu le dis, il faut la transformer cette colère pour arriver à l'évacuer.

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  4. La colère, je dirais qu'elle est "rassurante"... comment ne pas être en colère face à tout ça?! .... elle est la "preuve" qu'on continue de vivre, et qu'on continue d'y croire, qu'on veut continuer d'avancer, je crois....
    Quand au rêve... j'allais te mettre la même citation que "unenfantpeutêtre"... Les rêves sont le moteur de la vie... parfois il faut les "ajuster", parfois ils changent de direction, parfois certains meurent pour laisser place à d'autre. Mais cela ne veut pas dire qu'ils sont moins beaux.
    Je rêve avec toi, pour toi. Cette 1ere FIV peut donner quelque chose. Et si ce n'était pas le cas, il peut y en avoir une deuxième, une 3ème, il peut aussi y avoir des TEC... Tes rêves n'ont pas encore à disparaitre!
    Courage!
    Bises

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  5. J’ai pleuré en te lisant. Tu as mis des mots sur une partie de la colère qui m’habite depuis que la PMA est entré dans notre vie.
    J’aurais aimé avoir deux enfants, peut-être trois. Mais je vois les mois qui défilent et je me dis qu’en ayant probablement 33 ans, voire 34, à la naissance de notre premier bébé, ça va être très juste cette affaire !!

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  6. Moi j'en voulais trois... et maintenant je me dis qu'un seul ce serait déjà pas mal...

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  7. Lisette, j'espère que ce rêve sera contrarié le moins possible. Elle est bien légitime cette colère, et je crois bien que c'est déjà de la révolte puisqu'elle te fait avancer même si c'est parfois la rage au ventre. Rêve ma belle, c'est encore permis et c'est toujours accessible. <3

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Une petite prose ?