jeudi 8 mai 2014

Oh, ça te bouffe en ce moment?

"Oh, ça te bouffe en ce moment?"

Ca, c'est la réponse d'une chère amie à un petit message de ma part disant combien l'enfant nous manque... Je le dis de plus en plus rarement, autour de moi, on m'en parle de moins en moins mais quelque part, je me sens de plus en plus seule.

Cette réponse, pourtant gentille, je l'ai mal vécu. Je me sens incomprise, "en ce moment?". Oui, comme hier et avant hier et comme ça depuis quasi 3 ans. On se lève avec ce manque, on travaille avec ce manque, on s'aime avec ce manque, on vit avec ce manque... Chaque minute. Et même si j'avance, même si je m'occupe, même si je ris, je chante, je danse, je bouge, je travaille, à chaque instant, l'enfant qui ne vient pas me manque. Nous manque à mon homme et moi. Oui, TOUS les jours, ça me fait souffrir. Ce n'est pas TOUTE ma vie, mais c'est là tout le temps.

La réponse est gentille, vraiment, mais j'ai répondu, en disant avec pudeur que c'était dur tous les jours. J'ai renvoyé trop d'impuissance, un "oh :(" a été la réponse et sans doute la seule réponse possible, je ne saurais pas mieux faire. Mais j'ai besoin d'en parler moi, personne ne semble comprendre ça, parler de ces touts petits que j'ai perdu, parler de ce si douloureux chemin, parler de ce manque, parler de l'enfant dont je rêve.

Quelle galère... J'en ai tellement mare.

Ca va hein, en vrai, j'ai juste besoin d'exprimer, c'est dur...



14 commentaires:

  1. Malheureusement Lisette les gens qui ne sont pas passés par là peuvent pas comprendre que ce besoin est viscéral et devient presque obsessionnel. Et avec les fausses couches je trouve que ça amplifie ce manque de l'enfant qui n'est pas là et qui devrait être là... Surtout quand j'imagine ce que cela aurait pu être tout autrement si l'histoire s'était bien déroulée... J'ai aussi créé mon blog pour pouvoir parler car je ne peux plus continuer à me taire et à faire comme si ce n'était pas grave ce qu'on vit. je t'embrasse et t'envoie tout mon soutien dans ces moments difficiles

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    1. Merci Artemis, tu as raison, j'essaie d'évacuer l'idée de ces enfants qui auraient pu être là, dans qques semaines... Merci de comprendre...

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  2. C'est dur tous les jours, il n'y avait rien d'autre à jouter malheureusement.

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  3. Je comprends ta copine, elle ne sait pas, et elle a voulu dire un truc gentil. Manque de bol avec sa phrase, elle a bien montré qu'elle était à des années lumières de comprendre ta souffrance...
    Les AUTRES ne peuvent pas comprendre.
    Bisous Lisette

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    1. Oui, je ne lui en veux pas du tout, c'était gentil et au moins elle a essayé de répondre, mais ça me renvoie que vraiment, on ne se comprend pas... et quelques part, ça fait se sentir seule... Merci Gribou de compatir :)

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  4. Tu décris si bien tout cela. Si bien.
    Sa réponse était douce d'insouciance, de cette insouciance que ceux et celles qui ont un enfant quand ils veulent, garde et garderont toujours. Naïveté, insouciance, et avant tout non connaissance de ce que cela peut-être.
    "Je le dis de plus en plus rarement, autour de moi, on m'en parle de moins en moins mais quelque part, je me sens de plus en plus seule." Je ne l'aurai jamais aussi bien écrit. Tu viens d'écrire ce qui se passe ici aussi. Alors si toi aussi, si moi aussi, si d'autres aussi, on n'est donc pas seule... ;)
    Malgré tout, aujourd'hui encore, je rêvais qu'un/e ami/e, qu'un/e autre que mon mari, me prenne dans ses bras et me console, que je puisse y déposer les larmes. Mais il n'y a personne, on ne pleure ni ne hurle la souffrance, ça fait fuir, ça fait peur, ça tétanise. Alors quand les oreilles amicales ont fui, on paye des gens, des gens souvent biens (très très bien n'est ce pas ;-)), des gens biens comme la majorité des gens, mais des gens qui font un métier pour écouter, parce que cet/te ami/e n'est plus là quand il faut écouter... Ca fait du bien, mais ca semble étrange, si étrange finalement... On paye pour recevoir une écoute, un mot, laisser des larmes dans un cabinet. Mais si c'est nécessaire, et si c'est comme ça, alors c'est ainsi et on cherche l'aide là où elle est. Son message était aidant avec sa touche d'insouciance, il ne suffit pas, rien ne suffit. On est bien seul face à ses démons, ses souffrances et ses espoirs déchus. Vivement que cela cesse, que vous ayez un vue d'avenir, que quelquechose de positif et très fort se produise.... Mon Chéri disait ce week-end, parce que lui aussi/nos hommes aussi en souffre ainsi, que la PMA créé un isolement social, peu à peu, lentement... et au plus cela dure, au plus l'isolement social est fort, car au plus nos pensées et nos problématiques s'éloignent des pensées et problématiques de nos amis devenus jeunes parents. Un fossé se creuse, la bouche se ferme, les nouvelles se font la malle, l'isolement se créer, avec et à notre insu. Alors, je comprends bien ce que tu viens d'écrire, et gardons en tête, qu'ici, on n'est pas seule ;-)
    Bisous ma belle

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  5. Malheureusement (ou heureusement pour "eux", je ne sais pas) tant qu'on n'y est pas confronté, nos douleurs n'ont pas de sens... mais oui, ça "bouffe" tout, et si effectivement ce n'est pas tout, c'est toujours là, comme une ombre qui plane jusque dans les moments qui pourraient sembler "parfaits"...
    Bises Lisette,ici, on comprend...

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  6. Quoi? ça t'arrive d'y penser (entre 2 piquouzes?)!!
    T'as rien compris, pour que ça marche il faut arrêter d'y penser et manger des tomates.
    (c'est du 5ème degré bien sûr ^^)

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  7. Tu décris exactement ce qu'on ressent, ce manque est la en permanence, parfois un peu moins et parfois plus, mais toujours toujours toujours la, pas un seul jour sans y penser, c'est impossible.
    C'est dur de voir que même nos amies ne peuvent pas comprendre, même avec la meilleure volonté du monde... Je t'embrasse.

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  8. Tu décris si bien tout cela...
    Je n'ai jamais eu de mal à parler de la PMA autour de moi quand j'étais "en plein dedans". C'était un moyen pour moi de ne pas tout garder à l'intérieur. Et en même temps, comme beaucoup, je me suis prise ces phrases blessantes/maladroites, en pleine figure, et plus ça allait, plus je m"isolais dans ma souffrance alors que paradoxalement j'aurais eu besoin d'être entourée encore plus...
    Ma poulette est née il y a bientôt 4 mois... Je pourrais dire ( et "devrais dire", aux yeux des fertiles...) que c'est de l'histoire ancienne, tout ça... Et pourtant...
    Cette solitude, je la ressens encore bcp aujourd'hui... je ne dirai pas que c'est exactement le même sentiment, car la peur de "ne jamais avoir d'enfant" à disparu et m'enlève un énorme poids... mais il y a cette peur de ne jamais être enceinte à nouveau et de ne pas avoir une famille qui s'agrandit, qui prend de plus en plus de place au fur et à mesure que les semaines passent et que le retour de couches brille par son absence...
    J'en parlais avec Bounty lorsqu'elle est venue à la maison... d'une certaine façon, la PMA marque à vie, et laissera peut-être toujours cette impression de ne pas être comprise à 100% au fond de nous... parce que finalement, cette infertilité, elle nous caractérise, elle fait de nous ce qu'on est, comme on pourrait dire "je suis grande" ou " je suis quelqu'un de réservé"... Et c'est tellement difficile de voir que cette part infertile de nous, qu'on met du temps à accepter - si on l'accepte jamais un jour -, et la souffrance engendrée par tout cela sont "négationées", ou du moins minimisées par les autres... j'ai déjà eu droit à des "estime toi heureuse, tu as déjà eu un bébé" ou autre "mais nooooon, t'inquiète pas, si ça a marché une fois, ça marchera 1 2ème et une 3ème fois"... Bien sûr que je savoure chaque jour cette chance que ça ait marché pour nous... Mais la PMA n'est pas encore derrière nous, elle ne le sera pas tant que notre projet de famille ne sera pas complet, je crois...
    Fertiles et infertiles, 2 mondes qui ne peuvent pas se rencontrer sur certains points...
    Désolée pour ce long commentaire sur ma ptite vie, Lisette... "juste besoin d'exprimer", comme toi ;-), et ton article m'en a donné l'occasion.
    Plein de courage, grosses bises

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  9. Épanche toi tant que tu veux ici, on te lis, on t'écoute.

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  10. Bien sur que ça te bouffe, ça ne peut pas être autrement. C est un combat si intime et indissociable du reste de nos vies car c est notre corps qui le mène. C est comme demander à quelqu un qui est blessé s il ressent la blessure. Bien sur on y pense pas tout je temps, bien sur on va ( vit ) bien quand même mais la blessure est là. Courage et bises.

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  11. Ce réconfort cette douleur a exprimer sans pudeur j'ai pu l'exprimer auprès de mes plus proche amies et ma maman . Même si c'est humain et inconscient pour notre mieux être il faut essayer de ne pas compter en ce qui aurait pu être ... Je me rappelé de ma souffrance un an après la date d'une ponction qui m'avait fait renaître un espoir , de cette journée si noire alors qu'un an avant elle était si envoûtante ! Ce moment anniversaire j'étais seule a me le remémorer , tout le monde était passé à autre chose ... Je n'ai pas vécu de fausse couche amies déjà mon espoir était moins fort que lorsque la vie a commencé en soi. Après , actuellement je ne ressens pas mon parcours comme une blessure. Ça fait partie de mon histoire et cette vie faut essayer de la remplir d'autre chose que l'absence et le manque .

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Une petite prose ?