Aujourd'hui, j'ai eu le plaisir de déjeuner avec ma mère. J'étais heureuse de ce moment partagé et maman me dit qu'elle est contente de me sentir mieux. Je lui dit que oui, c'est toujours vraiment difficile cette attente, mais que je me sens moins en colère, moins écrabouillée par la peine qu'il y a un an. Mais plus lasse aussi.
Quand j'étais si révoltée lors du diagnostic et des premiers traitements, j'avais l'impression que mon entourage ne comprenait pas pourquoi c'était si déstabilisant pour moi, pourquoi d'un coup j'avais l'impression que mon monde volait en éclat. Sans doute que je ne savais pas non plus expliquer...
Et lors de la discussion, ma mère m'explique qu'elle a lu un texte d'un écrivain que nous aimons toutes les deux qui dit que la vie, c'est se poster devant une montagne, avoir un peu de peur et d'excitation devant le challenge, la gravir, puis changer de montagne et recommencer... Et je me reconnais tellement dans cette description, tout comme elle, j'aime faire des projets, parfois trop grands et qui me font peur, me donner un objectif, quelque chose qui me fait briller les yeux, accomplir de mon mieux puis je me lasse doucement et je n'a qu'une envie, en reconstruire un autre.
Quand elle m'a donné cette métaphore, j'en ai profité pour lui expliquer combien l'infertilité est vécue comme une petite mort, la mort de la montagne qu'on avait décidé de gravir à ce moment là, la mort de la grossesse quand on le souhaite, la mort de l'enfant qui vient avec simplicité, la mort de ce projet de couple à ce moment là. Et que, faire ce deuil, c'est long et douloureux, d'autant plus qu'on ne peut pas changer de montagne en PMA, on ne peut pas réellement faire le deuil, parce que l'enfant, on l'attend toujours et en plus, on doit se taper des traitements plus qu'envahissants pour peut-être un jour le voir naitre.
Elle m'a dit "je comprends".
Et ces deux mots dans sa bouche m'ont fait tellement de bien... Elle n'a pour une fois, pas cherché à me dire que "ça va aller". Juste "je comprends".
Et puis on parle, je lui offre des petits biscuits de Noël, je lui dis ma joie de les avoir reçus et ma joie d'en faire à mon tour quand je serais en vacances parce que ça donne l'esprit de Noël. Elle me regarde, attendrie je crois, et me dit combien elle adore cette joie d'enfant que j'ai toujours devant les fêtes de fin d'année. Et elle ajoute qu'elle me verrait si bien travailler un peu moins et élever une ribambelle d'enfant et fabriquer des biscuits, des cartes avec eux, les élever avec émerveillement et patience. Les larmes me sont montées aux yeux, mais sans révolte, je lui ai dit que je ne sais pas si un jour je pourrais accomplir ce rêve là, que j'aurais tant aimé élever une famille nombreuse, mais qu'il me faut sans doute revoir ce rêve là autrement. Elle m'a dit tout doucement "tu sais ma chérie, deux (enfants), ça sera bien aussi". Je me suis blottie contre elle, et je me suis tue, parce que je n'avais pas envie de lui dire combien je ne sais même pas si un jour, deux enfants me seront donnés, ni même un seul.
S'il te plait Dame Nature, s'il te plait...
J'ai les mêmes craintes à propos du 2ème. Et on me répond toujours par le même lieu commun, à savoir qu'il y a plein de femmes qui ont galéré pour le 1er enfant et qui ont eu le 2ème en claquant des doigts.
RépondreSupprimerCertes.
Mais il y a aussi toutes les autres. Qui ont galéré pour le 1er et aussi pour le 2ème. Ou qui n'ont simplement pas réussi à avoir de 2ème.
En tout cas, ça fait plaisir de vous voir proche comme ça, la mère et la fille. :)
Erfff je crois que ce que je pensais, c'est elle me parle de 2 mais je ne suis même pas sure d'en avoir un un jour...
SupprimerMais quelque part, c'est touchant que les gens continuent à y croire pour nous...
Ma mère et moi on a pas si souvent des moments en phase alors oui ça fait plaisir :D
Bisous ma Gribou !
Tu me mets la larme à l'oeil. C'est beau une maman comme la tienne.
RépondreSupprimerj'aime beaucoup la métaphore de la montagne!
RépondreSupprimerL AMP c'est bien les montagnes russes non?!
biz
ton post me touche beaucoup. je suis vraiment heureuse que tu aies pu avoir cet échange avec ta maman...
RépondreSupprimerAh les mamans!! Elles sont souvent un précieux soutien...
RépondreSupprimerBises
Qu'il est émouvant ton billet, c'est un très joli moment que tu as vécu et savoir qu'elle comprend sans essayer de te consoler (car moi je le vis souvent comme une minimisation de notre souffrance), c'est de l'or.
RépondreSupprimerDans ma tête, aujourd'hui, deux enfants... ce serait déjà une famille nombreuse !
Je suis ravie que tu saches encore vivre joyeusement ces fêtes de fin d'année, elles sont amères par ici...
Je t'embrasse.
Merci pour ton passage sur mon blog.
RépondreSupprimerJ'espère y écrire bientôt des billets plus joyeux...
Je ne suis pas toujours en phase avec ma mère surtout quand elle me sort ces phrases toutes faites qui banalisent la situation ou quand elle me sort sa science sur la médecine traditionnelle chinoise...
Comme toi, la dernière fois que je l' ai eu au téléphone, elle m'a tout simplement dit "je comprend" et c'était suffisant pour soulager ma peine.
Savoir qu'elle est la.
Parfois il n'y a rien a dire, il suffit juste d'être présent et d'écouter, c'est déjà bien suffisant.
A bientôt
Je suis très émue par cet article (comme par beaucoup de tes articles d'ailleurs je me répète). Quelle beau moment de sincérité avec ta maman, quelle intelligence dans votre rapport. Et quelle beauté de ton âme on devine en t'imaginant émerveillée à l'approche de Noël. Garde ça précieusement Lisette :)
RépondreSupprimerDes gros bisous
Comme Madame, Pimpin, ton article m'a émue. Il est enveloppé d'une douceur telle, qu'on a envie de rejoindre le cocon :). Ces moments là font du bien, gros bisous
RépondreSupprimerJe suis également émue par cet article, plein de douceur, qui donne juste envie de rejoindre ce cocon ! Ces moments de complicité sont uniques, il faut savoir les apprécier, gros bisous
RépondreSupprimerdésolée pour le double commentaire, j'ai eu un bug et pensais que le message n'était pas parti...
SupprimerLes mamans, même si elles aussi peuvent parfois se montrer maladroites, nous sont précieuses dans le parcours PMA. J'aime beaucoup la métaphore de la montagne. Gros bisous.
RépondreSupprimerje suis émue.
RépondreSupprimerCourage lisette...courage