A la suite de la lecture de l'article d'une copinaute (Dame Lapin), tout plein de souvenirs du début de la PMA me sont revenus en tête, notamment concernant la pudeur.
Je ne sais pas si certaines ont réussi à faire autrement, mais pour moi le parcours PMA a été un vrai deuil de ma pudeur. J'étais, et suis toujours dans ma tête, assez pudique, sans excès, mais bon, l'intimité, c'est l'intimité. Et je n'avais aucune envie de la partager avec quiconque autre que mon mari aimé. D'autant que je ne me trouve vraiment pas jolie et que je n'ai pas envie de mettre mon corps à nu devant des étrangers.
Mais très vite, il a fallu laisser la PMA s'introduire partout, psychiquement et physiquement.
Le premier souvenir difficile que j'en ai, une des premières étapes, c'est l'hystéro-salpingographie. En dehors de la douleur, je me suis sentie si... nue. On te place, à poil, sur une table froide. Les manips rentrent, ressortent, tu ne sais même pas qui c'est. Il y en a un, plus respectueux, qui te place l'équivalent d'une feuille de sopalin sur l'entrejambe. Super, tu n'as plus à choisir de cacher tes seins ou ta foufoune avec tes mains (parce que bon, mes mains ne sont pas assez grandes pour cacher les deux). J'avais tellement peur, je me sentais tellement vulnérable et j'avais beau me dire que c'était médical, je me sentais si mal. J'ai éclaté en sanglots juste après l'examen, appelé mon mari, j'aurais tellement eu besoin qu'il soit là, qu'il me serre dans ses bras, de me sentir autre chose qu'un corps. Et le médecin, croyant sans doute dédramatiser les choses, qui revient me dire que mon utérus "a une bonne bouille". Je ne sais pas pourquoi, cette manière de parler de mon intérieur m'a un peu déboussolée.
Le deuxième, ce sont les inséminations. Pas le jour J en tant que tel, mais la succession d'examens gynéco, d'écho endo, de piqures, toutes ces "agressions" par lesquelles j'avais l'impression de me maltraiter. Je n'aurais pas du le vivre ainsi, mais le malaise grandissait. J'avais de plus en plus besoin de me sentir femme dans les bras de mon mari, pour compenser, pour ne pas avoir l'impression de n'être qu'une génitrice en échec. Mais c'était sans fin... J'en venais à croire que c'était abimé dans mon couple, que je ne réussirais plus à être attirante, à me sentir désirable, que seul un autre homme qui ne saurait pas tout ce poids de la PMA pourrait me rendre tout ceci. J'ai essayé d'expliquer ça à mon mari, mais il ne comprenait pas. Pourtant, vu le cirque qu'il m'a fait pour aller voir l'andrologue, il aurait pu ;) Il a finalement compris, après une crise de larme, un soir, dans notre lit. C'était le jour de cette échographie horrible dont j'avais fait un billet. Je lui ai tout déballé, chaque examen froid, chaque brutalité consentie, chaque douleur infligée "parce que c'est pour la bonne cause".
Le troisième particulièrement difficile, c'est le jour de la ponction de FIV 1. Bien sur, il y avait aussi la peur, l'appréhension, le deuil total de l'enfant couette... Mais pas que. Il y avait aussi cette salle d'opération anonyme, cette infirmière qui me regardait à peine et qui me manipulait comme chacune des femmes avant moi et après, un numéro, et m'adressait des injonctions sans cœur "mettez vous comme ci", "la piqure de déclenchement a été faite", "poussez vos fesses"... Et moi, j'étais toute nue, les jambes écartées, face à la porte ! Ouverte !! Mortifiée... Quand le gynéco est arrivé, il m'a regardé et il a tout de suite placé un drap sur moi. Je n'ai jamais été aussi reconnaissante !
Je sais que c'est rien tout ça, pas si grave, et je crois que j'ai dépassé ça maintenant. Je me surprends à être de moins en moins pudique, notamment dans mes mots, j'espère que je ne mets pas mal à l'aise ceux à qui je parle de tout ceci. Je ne vis plus aussi mal, ni les échos endo (faut dire qu'après une bonne vingtaine en un an, ça devient routinier) , ni les examens gynéco, ni les transferts, ponctions et cie. J'ai lâché l'idée que je pouvais contrôler ces regards sur moi.Et j'ai mes petits "trucs" comme les chaussettes à motifs débiles que je n'oublie jamais quand je dois me mettre les fesses à l'air ! C'est pas sexy, mais ça me rassure...
Je sais que beaucoup de femmes parlent de ça concernant leur grossesse, leur accouchement... Peut être que c'est moi qui ai dramatisé tout ceci...
Comment vous l'avez vécu vous, la PMA et le rapport au corps, à votre intimité, votre pudeur ?